Murmures de la forêt sauvage - Prologue

Les doux rayons de soleil dorés filtrent à travers les branches suspendues pleines des plus belles feuilles vertes foncées, et au milieu de cet après-midi qui se termine, tout le monde peut dire qu'il y a de la magie dans l'air. 

Pas le genre de magie que tu trouverais dans une publicité ou dans un film, sur une franchise bien connue... mais plutôt la magie qui réside dans les petits moments, le genre de magie du monde réel, de la vraie vie, qui provient de vieux lieux et d'espaces qui ne sont pas faits par une main intentionnelle. La magie qui se développe à partir de la présence d'esprits anciens et des souhaits de jeunes arbres. La magie que l'on ne peut ni voir ni attendre, mais que l'on rencontre par hasard ou par le destin, sans jamais trop savoir comment on est arrivé là, par quel choix, par quel chemin et surtout par quelle décision. 

Le genre de magie qui guérit. 

Une magie ancienne. 

Magie silencieuse. 

Et aujourd'hui, elle était tout autour, dans l'air... dans l'herbe en mouvement et les abeilles silencieuses et nues sur les fleurs ouvertes. Elle était dans le ciel sans nuages et dans les brins de soleil qui rebondissaient sur les feuilles et s'enfonçaient dans les racines de la terre. 

Tu es entraîné dans la scène, ne résistant qu'à peine à son attraction et certainement pas à son charme. 

Tu commences à marcher sur l'herbe et sur un chemin invisible qui n'est gravé dans la mémoire de la terre que sous tes pieds et qui n'est pas visible à l'œil. Ton cœur est confiant et te suit tout au long du chemin et bientôt tu franchis les premières bornes du royaume des bois, pénétrant dans la profondeur de la forêt quelques instants plus tard. 

Te voilà. 

Il y a un souffle inaudible. Un souffle silencieux de surprise et de plaisir à peine voilé t'entoure et résonne au plus profond de toi. Pendant un instant, tu as l'impression, à tort, que la forêt t'accueille, qu'elle trouve du plaisir à ta présence. 

Mais comment est-ce possible ? 

Les pas suivants se font en silence et tu remarques seulement que la lumière commence à devenir de plus en plus faible à mesure que tu avances vers le cœur de la forêt qui semble être fait d'une obscurité bienveillante. 

Elle est là, debout. 

Il te faut un petit moment pour la remarquer. Debout au milieu de l'allée composée de fougères vertes qui se sont repliées sur elles-mêmes en signe de révérence, révélant sa présence. 

Son visage est bienveillant et là, la surprise dans ton être de ne plus être soudain seul dans ce beau cadre est vite passée... bien sûr, tu n'as jamais été seul dans cet espace, n'est-ce pas ? 

Les mots résonnent dans ton esprit et tu ne sais pas si ce sont tes pensées ou la voix d'un inconnu. 

Yes... vient la réponse avant même que tu n'aies pu aller au bout de ta pensée. 

Ton visage doit refléter ta surprise et le résultat est un sourire éclatant qui s'étend à travers la femme en face de toi, te frappant comme une vague et tu peux dire que sa chaleur t'enveloppe et se répand dans ton cœur et de là dans tous les endroits invisibles de ton âme. 

Les mêmes endroits invisibles, qu'elle semble regarder comme elle vous regarde, sans attente ni demande. Se reposant simplement en ta présence et te permettant de faire de même.

Ce moment. 

Il s'étend de tes orteils à la fin d'une époque et à la naissance d'une nouvelle étoile. Il résonne dans chaque cellule qui meurt en toi et dans chaque nouveau souffle que tu te donnes. Il renferme le cœur éternel et plante une nouvelle vie. C'est la mort et la renaissance, le nouveau et l'ancien, l'éternel et le jamais dans un grain de sable et les montagnes (éternelles) du monde, les mers aussi profondes que les océans inconnus et le grand comme le potentiel derrière les yeux d'un nouveau-né. 

Il est tout et ne contient rien. Il est maintenant et sera toujours.

C'est toi. 

Tout toi. 

Laisse-moi te raconter toutes les façons dont tu es et seras.